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Tu as lâché ma main
 
Né en 1974, Olivier Le Guyader est un nouveau venu sur la scène littéraire puisqu'il vient de publier son premier roman 'Tu as lâché ma main' : l'histoire de deux amis (Simon et Ethel) qui vivent à Nantes et qui sont inscrits à l'université en licence d'anglais. Un peu à la manière d'un sitcom, le roman suit ses deux personnages tout au long de leur année universitaire en nous montrant les petites scènes de leur quotidien (famille, boulot, sorties) ainsi que les rencontres qu'ils vont faire. C'est là qu'interviendront entre autres Paul, un jeune Américain ouvertement gay qui sera leur professeur d'anglais, ainsi que Guillaume, un jeune garçon rencontré sur un site de drague sur Internet.
En toile de fond, la ville de Nantes surgit en permanence avec son riche passé culturel et historique, omniprésente comme dans un film de Jacques Demy. Si ce n'est qu'on est loin ici d'un univers enchanté puisque nos deux héros en s'ouvrant à la vie feront aussi l'expérience des autres et, du même coup, des joies et des déceptions qui viennent avec. En choisissant de mettre en scène un couple gay, Olivier Le Guyader signe également ici un vibrant plaidoyer contre l'homophobie.
 
Oeil de La Lucarne :

Le roman d’Olivier Le Guyader possède bien des atouts, comme un titre fort, une jolie couverture et une vaste culture générale qui émaille le récit en permanence. En effet, les références littéraires ou artistiques sont nombreuses. On y retrouve aussi tous les petits défauts d’un premier roman (surabondance de citations, des mots parfois répétés en cascade, une trame narrative un peu déséquilibrée) mais heureusement sans que cela ne vienne gâcher l’ensemble, car au final, Olivier Le Guyader réussit fort bien, page après page, à créer un univers singulier et à tisser la toile dans laquelle ses personnages iront se perdre.

Un peu lent au début, Tu as lâché ma main gagne en puissance dès la seconde partie du roman, quand l’action décide enfin de se précipiter un peu, pour finir quasiment en apothéose. Les thèmes du suicide chez les jeunes gays et de l’homophobie en milieu scolaire sont bien amenés et particulièrement bien traités. On sent aussi parfois une certaine retenue sur la question gay comme si l’auteur s’était empêché d’aller plus loin par peur de son public, mais à l’arrivée, on ne regrette vraiment pas sa lecture et ce premier roman parvient parfaitement à imposer sa petite musique, qui devient si envoûtante vers la fin qu’on la quitte franchement à regrets. Un livre de qualité et animé de nobles sentiments qui mérite tout à fait l’attention.

 

Le blog de litté :

Olivier Le Guyader nous précise que son roman raconte principalement l’histoire d’amour entre Simon et Paul qui sont les personnages principaux. Paul est gay et l’assume pleinement, Simon beaucoup moins mais va quand même se lancer à corps perdu dans sa relation avec Paul. Il ajoute que ce roman se donne pour objet de mettre en lumière cette relation amoureuse compliquée sur bien des plans entre un professeur et son élève. Tout au long du roman, on les voit évoluer dans cette relation que l’on pressent vouée à l’échec même si tous deux sont éperdument amoureux. L’un des deux va cependant faire fonctionner sa raison avant son coeur, et cette décision aura des conséquences dramatiques sur leur avenir respectif.

Le titre du roman “Tu as laché ma main” fait référence à une chanson de Gainsbourg “Dépression au-dessus du jardin” chantée par Jane Birkin et Catherine Deneuve. Ce titre est comme un fil conducteur tout au long du roman (il s’agit bien évidemment de la main amoureuse (entre Simon et Paul) mais d’autres lecteurs y verront aussi une main amicale (entre Simon et son amie Ethel), une main paternelle (entre Guillaume et son père), etc….

L’auteur Olivier Le Guyader, interrogé sur la part autobiographique de son premier livre nous répond qu’il n’est absolument pas autobiographique même s’il y a une part de lui dans chacun des personnages. “C’est une histoire totalement fictive mais c’est moi qui la raconte, avec ma sensibilité et mon ressenti, il doit donc y avoir un morceau de moi dans certaines phrases, dans certains passages, certaines anecdotes sont des anecdotes que j’ai pu vivre. Dans tous les cas, ce n’est pas une mise à nu, car les choses sont racontées avec pudeur et retenue.” Il ajoute qu’il lui semblait d’ailleurs important de sortir de tous les clichés et de toutes les représentations que l’on se fait de l’homosexualité afin que les hétérosexuels qui lisent ce livre aient une image de l’homosexualité autre que celle actuellement véhiculée par les médias, mais également pour que les jeunes se découvrant homos aient de quoi se construire une image non caricaturale de l’homosexualité.

 

 



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